Page 4 - qd-le-ciel
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Il y a bien longtemps...
Du jet d’un Temps est née la masse, créant dans son mouvement l’énergie.
Mais laissons aux grands érudits le choix de se battre à coups de nébuleuses, de
tourbillons, de trous noirs et d’inventer le néant.
Il y a bien longtemps, une sphère, refroidie en partie et tournant sur elle-même,
entretenait ses éléments : pluie, vent, orage, nuages, agitation, océan mais
nulle vie encore.
Enfin émergea un pic, comme si le niveau de la mer descendait ou, comme si la
Terre surgissait : une île, deux îles, un continent... Avec le vent, la mer, les
marées, il y eut confrontation. En conséquence, la terre fut arrachée, fondue,
pulvérisée, son calcaire mis à nu et ses éléments cassés par les brisants.
Une masse de bulles surgit et engendra des sortes de lichens, vie végétale née
du mouvement, de la nuit et de la lumière. Ces particules se développèrent et se
multiplièrent engendrant l’espèce végétale. Le flux et le reflux arrachèrent ces
espèces à la pierre à laquelle elles s’étaient agrippées et libres, voguèrent au gré
des eaux.
Suffisamment microscopiques, ondulant comme des serpents au fil de l’eau,
subissant le Soleil et la Lune, changeant de couleur, elles miroitèrent et firent
penser à la Vie.
Le mouvement amenant le mouvement, la répétition des ondulations et des
frottements électrifia ces embryons capillaires qui devinrent de petites piles
microscopiques se collant parfois les unes aux autres comme les wagons d’un
train. L’infiniment petit du végétal, par la répétition du mouvement, engendra la
mémoire.
Cette mémoire engendra le désir et le désir engendra la continuité vers
l’amélioration et la perfection.
Les fibres devinrent vie, la sève devint sang et celui-ci circula de pièce en pièce,
d’articulation en articulation et la forme fit le reste.
Longtemps après, le protozoaire issu du végétal se modifia et se multiplia sans
fin, comme le cristal qui, particule par particule, molécule par molécule, prend
forme.
D’un mouvement, des brisants de la mer et de la terre, du mâle et de la femelle,
est née la vie primaire.
De stade en stade, de proche en proche, celle-ci désira communiquer, prenant
du ciel l’information de la création. On passa des microbes, des vers, aux
insectes avec l’accord des algues, des joncs, des herbes et des arbres.
Puis tout ceci vibra et bourdonna pour plaire et manifester sa joie.
Le végétal prit couleur ; la fleur, premier peintre de la nature, aveugle mais
portant en elle la vision de son apparence, a cherché à se singulariser pour
plaire et être perçue de plus en plus loin.
Les arbres donnèrent des fruits, désirant en se sacrifiant, assurer la continuité
de la vie.
Vie, faite de création, de mutation, d’harmonie.
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